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Faut-il poursuivre les recherches sur les cellules souches humaines ?

Quand on formule la question de cette manière, l'homme de la rue est, a priori, plutôt pour.  Mais quand on lui explique qu'il s'agit de prélever, sur des embryons humains obtenus par clonage, des cellules capables d'être transformées en toutes sortes de cellules qui pourraient être regreffées, il change aussitôt d'avis, tant ce projet déborde des limites morales couramment admises.

La plupart des scientifiques n'ont pas ces états d'âmes. Ils pensent au contraire qu'il faut accélérer les recherches dans le domaine. Ils ont leurs raisons : les cellules souches d'embryon humain permettront un jour de « réparer » les malades atteints d'affections graves non curables (Alzheimer, Parkinson, diabète) en leur greffant des cellules saines en lieu et place de celles qui sont malades. Pour eux, il n'y a pas à hésiter devant ce qui promet d'être l'eldorado médical de demain.

Les biologistes, après un demi-siècle de succès éclatants, cherchent en effet depuis plusieurs années leur second souffle et croient l'avoir trouvé ici. Car depuis la découverte de la structure de la molécule d'ADN et, avec elle, celle du code génétique et des lois de l'hérédité, elle patine. Ni le décryptage progressif de l'intimité de la machinerie moléculaire des cellules, ni le séquençage du génome humain, ni la création d'organismes génétiquement modifiés n'ont en effet permis de saisir l'essence même du vivant ou de forger des outils thérapeutiques efficaces.  Après avoir « autopsié » le vivant jusqu'au stade de la molécule, les biologistes veulent à tout prix parvenir à le reconstruire et achever leur aventure prométhéenne.

Mais, face aux certitudes et aux espérances des scientifiques, le public, lui, exprime des doutes de plus en plus grands. Internet lui donne la parole. « Lors de la découverte de la maladie de notre fils, écrit par exemple ce médecin, père d'un myopathe décédé il y a huit ans, il me fut déclaré que, par génie génétique, un traitement allait être trouvé dans les deux ans. Vingt- cinq ans plus tard, cet objectif n'a pas été réalisé. Le but du Génothon (alimenté par le Téléthon) semble être surtout d'aider au diagnostic in utero afin de provoquer des avortements parfois même la veille de l'accouchement de l'enfant. Si bien qu'en pratique, nos malheureux enfants servent de canard d'appel pour obtenir de l'argent servant à éliminer d'autres myopathes. Par ailleurs le Génothon s'échine à trouver des moyens de traitement par les cellules souches embryonnaires qui à ce jour n'ont jamais guéri personne et ne donneront des résultats que dans dix ou vingt ans, s'ils en donnent. Pendant ce temps, nos enfants meurent. » Il y a peu, le professeur François Jacob, Prix Nobel de médecine et de physiologie, lançait cet avertissement : « Les biologistes ne sont pas les mieux placés pour répondre à ces questions éthiques. Ils peuvent proposer des solutions, expliquer le possible et l'impossible. Mais les réponses ne peuvent être apportées que par le public, par la société civile. » Poussés par leur passion, mais aussi par leur ambition et par les perspectives financières qu'ouvrent les cellules souches embryonnaires, les chercheurs auront-ils la sagesse de l'entendre ?

                                                               Docteur Jean-Pierre Willem

 



31/01/2007
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