Pour ses premiers pas en tant que ministre de la Santé, Marisol Touraine a décidé de s’attaquer aux cabines de bronzage UV. Ces centres responsables de plusieurs dizaines de décès chaque année vont être mieux encadrés. Pas vraiment suffisant.
Depuis quelques années, les cabines à UV ont poussé un peu partout dans nos centres-villes. Ce marché du bronzage est en pleine expansion avec 15 500 cabines… pour 240 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel. Or une étude menée par l’IPRI (International Prévention Research Institute de Lyon) démontre que la pratique du bronzage en cabine provoque de 100 à 350 nouveaux cas de mélanomes et de 19 à 76 décès chaque année. Des chiffres qui confortent ceux publiés en 2011 par l’Institut national du cancer : près de 10 000 cas de cancers de la peau par an, un chiffre qui a triplé depuis 1980. Si 13 % des Français déclarent avoir déjà fréquenté un centre de bronzage, un tiers d’entre eux sont des adeptes réguliers, les femmes et les jeunes étant surreprésentés alors que, justement, le risque est multiplié par deux quand la première exposition a lieu avant 35 ans.
Mais, rien à faire, les idées fausses sur les bienfaits des UVA ont la vie dure. Ils ont beau être classés cancérogènes car ils pénètrent profondément dans le derme en atteignant l’ADN des cellules, on les croit bénéfiques pour préparer la peau au soleil et booster son organisme en vitamine D. En fait, la pigmentation en cabine ne s’accompagne pas d’un épaississement de l’épiderme comme au soleil, elle ne protège donc en rien des coups de soleil. Quant à la vitamine D, une supplémentation par voie orale présentenettement moins de risques sanitaires.
Là où certains pays comme le Brésil évoluent vers l’interdiction de ces cabines, le gouvernement évoque un décret qui s’annonce plus proche du code de bonne conduite que d’une réelle prise en compte des effets nocifs : meilleure formation du personnel, lunettes de protection et affichage des risques pour la santé obligatoires. Des mesures a minima qui tranchent avec la dangerosité dénoncée par les dermatologues et les cancérologues. En effet, 20 minutes d’UV correspondent à 3 heures de soleil tropical. Imaginez le résultat après 2 à 3 séances par semaine comme le pratiquent les addicts du bronzage…