Antibiorésistance;: ça ne fait que commencer
15 juillet 2011 - 00:00 - Par Alexandre Imbert -
On s’interroge dans toute l’Europe pour savoir si la souche d’Escherichia coli qui a déjà provoqué une cinquantaine de morts sur le continent s’est développée grâce aux légumes, aux graines germées ou à la viande, mais on trouve très peu de commentateurs qui s’inquiètent de savoir comment cette bactérie a pu apparaître. Escherichia coli, on le sait, est une bactérie intestinale commune et plutôt bénéfique, mais elle a une capacité incroyable à s’adapter à son environnement. C’est ce qui fait que l’on dénombre une infinité de souches différentes d’E. coli. Certaines de ces souches sont pathogènes, d’autres ne le sont pas. Mais ce qui est frappant, c’est de constater qu’entre deux souches d’E. coli, il existe des différences génétiques considérables. La bactérie est en effet capable de se diviser toutes les vingt minutes et réagit à la moindre agression pour s’y adapter afin que l’espèce puisse survivre.
La souche mortelle qui se balade un peu partout ces dernières semaines fait partie du groupe O104 qui, normalement, est éliminé par la simple prise d’antibiotiques. Mais la bactérie O104:H4, elle, résiste à tout. Les scientifiques allemands qui l’ont étudiée ont en effet constaté qu’elle était résistante à toutes les classes d’antibiotiques (même celles réservées à l’usage hospitalier) et à toutes leurs combinaisons. Un exploit terrifiant car cette super-bactérie est capable en quelques jours de provoquer la défaillance d’un organe critique et d’entraîner la mort.
Comment cette bactérie a-t-elle pu acquérir ce pouvoir ? Normalement, il n’y a qu’une seule manière : il faut qu’elle ait été exposée à tous les antibiotiques connus, les uns après les autres. Dans un laboratoire, la création d’une telle bactérie serait finalement assez aisée, il suffirait de cultiver la bactérie, de l’exposer à un des antibiotiques puis de collecter les bactéries survivantes et de les cultiver avant de les exposer à un autre antibiotique et ainsi de suite. C’est ce qui fait dire à certains que O104:H4 a été conçue par l’homme. La raison d’une telle création serait militaire (il s’agirait d’une arme bactériologique) ou politique (pour imposer de nouvelles réglementations pharmacologiques ou alimentaires). Mais si on élimine ces hypothèses – un peu paranoïaques – on ne voit pas d’autre explication qu’une confrontation bactérie/antibiotiques due au hasard.
Or si tel est le cas, cela signifie que tous les organismes vivants sont exposés, à plus ou moins forte dose, à l’ensemble des classes d’antibiotiques. Il n’y a là rien d’absurde, car les antibiotiques consommés par l’homme ou par les animaux, faute d’être éliminés par nos systèmes de recyclage ou d’épuration, se retrouvent immanquablementdispersés à la surface du globe où ils imprègnent l’ensemble du monde vivant.
La terrible bactérie O104:H4 n’est donc pas seulement effrayante par sa vitesse de propagation ou sa virulence. Elle annonce sans doute d’autres mutations, bactériennes, fongiques ou virales contre lesquelles la médecine officielle se trouvera démunie. Ce sera peut-être le moment où les remèdes de la médecine naturelle prendront la place qu’ils méritent. Mais nous aurons payé très cher tout le temps perdu.
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