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Cancer du sein : une étude accable les mammographies de routine



« Surdépistage » ?
23/11/2012 à 18h04

Nolwenn Le Blevennec | Journaliste




Certains cancers sont-ils trop largement dépistés ? Concernant le cancer de la prostate, la discussion est engagée depuis longtemps. Le dépistage systématique du cancer du sein commence aussi à être questionné.

Depuis des années, la mammographie est quasi-obligatoire pour toutes les femmes de plus de 40 ou 50 ans, selon les gynécologues. C’est un truc embêtant à faire, tous les ans ou tous les deux ans, comme la déclaration d’impôts, mais avec le stress en plus.

Selon une étude publiée dans le journal New England of Medicine, ces mammographies de routine permettent surtout de détecter de jeunes cancers non-évolutifs.

L’un des auteurs de l’étude, H. Gilbert Welch, professeur de médecine, décrit ses conclusions dans le Herald Tribune de ce vendredi. Il est aussi l’auteur d’un livre sur les dangers du diagnostic à outrance (« Overdiagnosed : Making People Sick in the Pursuit of Health »),
1,5 million de femmes soignées pour rien

Aux Etats-Unis, ces trente dernières années, grâce aux mammographies préventives, le dépistage des cancers à un stade précoce a explosé, explique le médecin. 1,5 million de femmes en plus ont découvert qu’elles étaient touchées par une jeune tumeur mammaire.

Toutes ces nouvelles patientes ont donc bénéficié d’un diagnostic efficace, leur cancer a été pris en charge tôt et soigné (chimiothérapie, radiothérapie). Avec cette prise en charge anticipée, le nombre de femmes dépistées atteintes de cancers avancés aurait dû chuter dans les mêmes proportions.

Pourtant, le médecin est formel : c’est très loin d’être le cas. Le nombre de femmes dépistées avec un cancer avancé a chuté de 100 000.

Selon lui, cette contradiction prouve que ces cancers dépistés tôt ne sont pas tous évolutifs. La mammographie de routine permet finalement de sauver peu de vies, dit l’étude.
Un oncologue : « Le dépistage est sur la sellette »

Quelques milliers, ça n’est tout de même pas anodin. Il est donc compliqué de déconseiller aux femmes le dépistage à haute dose. Didier Bourgeois, oncologue de la clinique Hartmann (Hauts-de-Seine), médecin spécialiste du cancer du sein, n’a pas eu l’occasion de lire l’étude, mais il dit que le dépistage est sur la sellette.

« C’est dans l’air du temps [ce qui peut s’expliquer par le danger de la radiographie et le coût financier, ndlr]. Mais pour le moment, en France, nous ne sommes pas du tout dans la remise en cause du dépistage organisé. »

Il ajoute qu’il est très difficile de tirer des conclusions de ces études sur le « surdépistage », car elles dépendent de paramètres que l’on ne maîtrise pas bien (comme l’hypothèse de progression des cancers du sein, ces trente dernières années, due à la pollution ou aux modes de vie).

Par ailleurs, le problème est, selon lui, très complexe :

« Quand on découvre une lésion suite à une mammographie, à quel moment décide-t-on que celle-ci mérite d’être soignée et pas celle-là ? Qu’elle est surdépistée ? A quel stade décide-t-on de soigner un cancer ? Faut-il ne soigner que les cancers métastasiques et laisser de côté les autres ? »

Didier Bourgeois dit, par ailleurs, que contrairement au cancer de la prostate, il n’est pas établi qu’il existe des cancers du sein qui n’évoluent absolument pas.
Welch : « Mieux cibler les mammographies »

Dans le Herald Tribune, H. Gilbert Welch ne se pose pas toutes ces questions. Il est dans une logique purement comptable : les quelques milliers de vies sauvées ne valent pas le million de femmes soignées pour rien. C’est un tort d’imposer des traitements lourds à toutes ces femmes.

Selon l’étude de Welch, seuls les traitements de plus en plus performants permettent de faire chuter la mortalité de façon significative. Et c’est là-dessus qu’il faut se concentrer. Conclusion pour les « mammos » :
les protocoles doivent changer : « moins de recherche de petits cancers ou de précancers », ou moins de systématisme ;
elles doivent être concentrées sur les femmes à risques : celles qui ont des antécédents familiaux ou des prédispositions génétiques.



24/11/2012
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