La médecine décimée
Les médecins généralistes sont de moins en moins nombreux. Mais avec plus de 12 % de médecins déprimés (pour ne pas dire dépressifs), jusqu’à 17 % dans certaines régions, il y a de quoi s’inquiéter de l’état de notre médecine de ville. On peut aussi se poser des questions sur la qualité des soins qu’ils sont capables de prodiguer dans cet état.
Pour en expliquer les raisons, un médecin désabusé a adressé au ministre de la Santé une lettre où il résume parfaitement les motifs de la désaffection pour la médecine générale :
« – Harcelé, agacé par l’attitude arrogante et certainement bien peu productive des caisses, contrôle médical, DAM…
– Découragé, désabusé par diverses mesures qui autoriseraient les pharmaciens à prescrire, les infirmières à exercer la médecine… […]
– Inhibé par le fameux “principe de précaution”, bien français, menace pernicieuse en inadéquation avec un exercice rationnel et serein…
– Suspecté, lorsque l’on m’offre un stylo ou des Post-it, d’une corruption bien plus grave qu’un parachute doré ou qu’une rémunération généreuse et peu justifiée, de pratique courante dans certains milieux…
– Montré du doigt comme coupable et responsable de “la situation des finances sociales extrêmement tendues”…
– Requis sur simple claquement de doigt d’un préfet…
Affirmer que la question de mon développement professionnel continu est au premier rang de mes préoccupations, dans ce contexte, est une fantaisiste utopie. […] Je vais vous faire un aveu : mon développement professionnel continu, en rêve, c’est de dévisser ma plaque ! Juste un rêve, mais qui me réconforte. »
Comme lui, aujourd’hui, de nombreux médecins changent d’orientation professionnelle, prennent une retraite anticipée ou simplement dévissent leur plaque… Les autres succombent sous les coups des caisses et dépriment en espérant des jours meilleurs.
Sur ce constat, Nicolas Sarkozy ne cesse de répéter que la désaffectation pour la médecine générale est une préoccupation majeure de son gouvernement. Mais, au lieu de trouver des solutions concrètes au malaise des médecins en place, l’idée aujourd’hui est de former plus de 20 000 nouveaux généralistes d’ici à cinq ans… Oui, vous avez bien lu : 20 000 en cinq ans ! Cela fait penser aux temps de guerre, où des régiments entiers, à peine préparés, étaient envoyés sur le front en remplacement des soldats décimés…
Bien triste constat lorsque l’on pense qu’il suffirait simplement d’effectuer quelques changements pour redonner un espace de liberté aux médecins généralistes et qu’ainsi ils retrouvent immédiatement le goût de leur travail…
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