Que sont devenus ces chercheurs qui étaient si fiers – et si pressés – il y a cinquante ans, d’introduire toutes les découvertes de la science dans la vie quotidienne ? Ont-ils honte aujourd’hui lorsqu’ils constatent les dégâts qu’ils ont faits ? Je n’en suis pas sûr car, bien que l’on découvre chaque jour les effets nocifs de beaucoup de leurs trouvailles, ils voient bien que les chercheurs modernes n’éprouvent aucune gêne à aller encore plus loin qu’eux.

Le principe de précaution – pourtant sanctifié par tous les responsables politiques depuis le scandale du sang contaminé – est en effet resté une simple figure de style pour les semenciers qui cultivent leurs OGM en pleins champs, pour les laboratoires qui commercialisent des médicaments sans avoir mesuré vraiment leurs effets secondaires, pour les opérateurs de téléphonie mobile qui installent partout des antennes-relais, pour les fabricants de cosmétiques qui bourrent leurs crèmes de nanoparticules (voir notre dossier).

Si tous ces industriels se croient encore autorisés à être aussi désinvoltes, c’est, entre autres, parce que nos élites, largement imprégnées de scientisme, estiment que les découvertes scientifiques et technologiques sont systématiquement source de progrès pour l’humanité. Et tant pis s’il y a un peu de casse au passage…

Malgré leur entêtement, malgré leur aveuglement, nous sommes de plus en plus nombreux, à penser, au contraire, qu’il faut renouer avec les remèdes ancestraux, l’agriculture à l’ancienne et les savoir-faire traditionnels. Non pas parce que nous refusons le progrès, mais parce que nous croyons qu’il a beaucoup à apprendre du passé.